Moi cohérent et Moi inconscient de Freu

Publié le par Mouton Fou Le Grand

Moi cohérent et Moi inconscient

de Sigmund Freud

Je me propose d’examiner ici une seule des conséquences possibles de ce point de vue, ce qui
me permettra en même temps d’élucider un problème que j’ai été obligé de laisser ailleurs sans
solution. Chacune des différenciations psychiques que nous connaissons oppose une difficulté de
plus au fonctionnement psychique, augmente sa labilité et peut devenir le point de départ d’un
arrêt de fonctionnement, d’une maladie.

C’est ainsi que la naissance représente le passage d’un narcissisme se suffisant à lui-même à la
perception d’un monde extérieur variable et à la première découverte d’objets; il résulte de cette
transition trop radicale que nous ne sommes pas capables de supporter pendant longtemps le
nouvel état créé par la naissance, que nous nous en évadons périodiquement, pour retrouver dans
le sommeil notre état antérieur d’impassibilité et d’isolement du monde extérieur.

Ce retour à l’état antérieur résulte d’ailleurs aussi d’une adaptation à ce monde extérieur qui,
grâce à la succession périodique du jour et de la nuit, supprime pour un certain temps la plus
grande partie des excitations que nous subissons pendant notre vie active.

Mais au cours de notre développement, nous avons subi une différenciation psychique, avec
formation d’un Moi cohérent, d’une part, et d’un Moi inconscient, refoulé, extérieur à celui-ci,
d’autre part; et nous savons que la stabilité de cette nouvelle acquisition est exposée à des
atteintes incessantes.

Dans le rêve et dans la névrose, ce Moi, inconscient, exilé, cherche par tous les moyens a
s’insinuer, à forcer les portes de la conscience, protégées par des résistances de toutes sortes; et
dans l’état de santé éveillée nous avons recours à des artifices particuliers pour laisser entrer
provisoirement dans notre Moi, en tournant les difficultés, en trompant les résistances, cette
partie refoulée dont nous attendons un certain plaisir.

C’est en se plaçant à ce point de vue qu’on doit expliquer le trait d’esprit et l’humour, en partie
aussi le comique en général. Tous ceux qui sont familiarisés avec la psychologie des névroses
trouveront facilement des exemples analogues, d’une portée peut-être moindre. Je n’insiste pas,
car j’ai hâte d’en venir à l’application qui nous intéresse plus particulièrement.

Publié dans Lectures du Mouton Fou

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