Le Brennus pour Toulouse

Publié le par Mouton Fou Le Grand

Heymans : «Un rêve de gosse»

Comme beaucoup de ses coéquipiers, Cédric Heymans n'avait encore jamais soulevé ce fameux bout de bois. Au terme d'une finale héroïque remportée contre Clermont (26-20), le voilà donc champion de France, et l'ailier toulousain voulait savourer ce succès. Au terme d'une saison marathon, un mois après la défaite en finale de Coupe d'Europe contre le Munster, il essayait surtout de réaliser la portée de l'exploit. Le voilà tout simplement entré dans l'histoire.

«Cédric Heymans, vous venez de gagner le titre de champion de France. Quelle est votre réaction ?
C'est un rêve de gosse. Je ne peux pas vous dire. C'est beau. Je ne sais pas où on est allé cherché cette victoire. Je ne réalise pas, franchement. Toutes ces finales où j'ai vu tous ces grands joueurs soulever le bouclier, et moi à chaque fois que j'étais titulaire en finale, on perdait. Donc je me disais que j'étais le chat noir. Et puis voilà, c'est fait. A croire que les choses sont écrites.

Vous dites les choses sont écrites, qu'entendez-vous par là ?
Je ne veux pas être prétentieux, mais on a une belle génération au Stade Toulousain. Saut que pour l'instant, on n'existait pas par rapport aux anciens. Il était temps pour nous de marquer le club. Au Stade Toulousain, on n'existe pas si on ne marque pas l'histoire du club. La Coupe d'Europe, c'est beau, c'est grand, mais nous les joueurs, aller chercher ce graal, c'est ce qu'il y a de plus beau. Quand on voit la saison qu'on fait, avec tous les joueurs qu'on laisse au bord de la route... Il était impossible pour nous de se trahir, de passer à côté. Après, Clermont aurait pu l'emporter, ça a tourné en notre faveur, tant mieux pour nous.

Vous avez terminé le match hâché. Comment avez-vous trouvé les ressources pour prendre le dessus sur Clermont, puis pour tenir ?
Je ne sais pas. Moi-même j'ai pris une béquille sur le haut du genou en première période, mais Guy a trouvé les mots qu'il fallait pour me relancer. Il a su encore une fois appuyer sur le bouton pour que je tienne. Mais physiquement, on était bien quand même.

Votre victoire est aussi et surtout tactique. Quel était le plan pour faire déjouer la machine clermontoise ?
Le plan, c'était d'être sûrs de nos forces. Les Clermontois, personne ne les a joués cette année, personne n'a osé écarter les ballons. Nous, on s'est cassé les dents à deux reprises cette année en voulant jouer dans l'axe. On a essayé de varier, de jouer un peu plus au large. Avec des risques, évidemment, parce quand il y a Rougerie ou Nalaga en face, les contres font mal. On a pris ce pari, on a essayé de jouer et on a eu de la réussite. Il ne faut pas expliquer que c'est une grande démonstration de jeu. On a eu la réussite, ça nous a souri.

«Tout le monde voyait Clermont, ça nous a aidés à nous motiver»

La saison a débuté le 1er juillet pour vous avec la Coupe du monde. A quoi vous pensez maintenant ?
J'ai envie de ne plus vous voir (Rires). J'en discutais avec un de nos préparateurs physiques, qui travaille aussi avec le XV de France. On se disait que j'avais démarré ma préparation individuelle début juin. C'est long et compliqué. Mais une saison post-Coupe du monde est toujours compliquée. Et on a réussi un truc énorme, c'est-à-dire aller en finale de Coupe d'Europe, où on perd de trois points. Puis rebondir, et ce soir on a peut-être un peu plus de force, parce que deux finales perdues dans une saison, c'est trop compliqué. Tout le monde voyait Clermont favori, mais nous on n'a pas fait de bruit. On a entendu tout ce qui a pu être dit, écrit. Merci, parce que ça nous aidés à nous motiver.

Clermont a semblé fébrile, comment avez-vous trouvé votre adversaire ?
Compliqué, comme toute la saison. Ils ont de grosses individualités, cette faculté d'aller de large en large. Nous, il fallait qu'on reste très concentrés, qu'on étudie Brock James, le placement des ailiers. Mais une finale se gagne d'abord devant. Et derrière, nous avons mis en lumière le travail de sape et d'ombre des avants.

A quel moment le match bascule selon vous ?
Sur la pénalité de Valentin Courrent (NDLR : à la 78e). Parce que je peux vous dire qu'avant, le temps m'a paru long. J'ai regardé le chrono à la 63e, puis encore à la 66e, et je me suis dit que c'était très très long. Ensuite j'ai relevé la tête à la 79e. Là, j'ai su que c'était bon.

Toulouse retrouve donc "son" titre.
C'est énorme. Surtout que nous sommes dans la lumière, mais il y a tellement de monde au club, des gens qui sont là pour nous mettre dans les meilleurs conditions. Il y a nos familles qui supportent plein de choses. Je suis fier d'appartenir à ce club.»


Novès : «Je suis fier»
Après 7 années d'attente, les Toulousains affichent un titre de champion de France de plus à leur palmarès et laissent les regrets aux Clermontois.
[ + Agrandir ]

Guy Novès (manageur de Toulouse, champion de France) : «Cette saison a été tellement dure... Ce qu'on a réalisé n'avait jamais été réalisé. On perd de 3 points en finale de Coupe d'Europe, et là on bat cette équipe de Clermont qui était favorite. C'est un monument que les joueurs méritent ! Je suis fier de notre staff. Cette semaine, tout le monde s'est resserré dans la difficulté.»

Vern Cotter (entraîneur de Clermont) : «Je suis fier du parcours que les joueurs auront fait cette année. Mais ce soir on est passés à côté du match. Au niveau de la conquête, on a eu des opportunités de mettre la main sur le ballon. Toulouse nous a pris quelques ballons en touche. À partir du moment où on n'avait pas de ballons, on ne pouvait pas mettre la pression sur eux. On a eu une ou deux occasions de marquer, qu'eux ont marquées, pas nous. Dans un premier temps, le problème, ça a été la touche, la façon dont ils nous l'ont contestée. Mais le match bascule sur pas grand chose. On regardera plus tard, mais on sait qu'on est capable de jouer mieux que ça. On fait deux-trois choix qui ne sont pas les choix que l'on fait d'habitude. Ca fait deux (finales perdues) de suite. Je dis que ça suffit, mais quand je reviens sur l'ensemble de la saison, l'équipe a grandi. Mais ce soir on est passés à côté, on est conscient de ça».

Jean-Baptiste Elissalde (demi d'ouverture de Toulouse, au micro de Canal+) : «On va prendre les choses dans l'ordre: pour faire un match comme ça, il faut deux bonnes équipes, et je tire un grand coup de chapeau à Clermont pour leur saison, et le match d'aujourd'hui. Après, il faut des bons partenaires et ils ont été extra, des bons médecins et ils l'ont été aussi. Pour ce qui est de ma petite personne, je suis très heureux de m'être accroché comme ça. (Envie de sortir à cause de la douleur ?) A la mi-temps c'était limite. Au bout d'un moment c'était... je ne pouvais plus, tout simplement, ça lance trop... Mais c'est pas très grave... Je ne sais pas encore ce que ça fait d'être champion de France, je vais savourer plus tard, c'est une grande joie.»

Byron Kelleher (demi de mêlée de Toulouse, sur Canal+) : «J'ai perdu la Coupe du monde et j'étais émotionnellement blessé, et puis je suis venu ici à Toulouse où j'ai été accepté par les gens, et par l'équipe. Et je suis si content d'avoir remporté une des meilleures compétitions du monde. Dès le premier jour, je savais quelle était la passion des Français pour le rugby, c'est une ambiance incroyable. Et moi qui ai fini ma saison en Nouvelle-Zélande pour venir ici, je m'y sens comme à la maison loin de la maison.»

Fabien Pelous (2e ligne de Toulouse, au micro de France 2) : «On a fait le match qu'il fallait pour gagner. C'est vrai qu'on avait laissé beaucoup d'énergie en demi-finale, mais je crois qu'aujourd'hui on avait envie de ne pas lâcher. Le match se joue à rien et le paramètre qui nous fait gagner c'est qu'on n'a jamais lâché. On avait envie de ramener un titre cette année, on n'avait pas réussi contre Munster, on l'a fait cette fois. (La retraite ?) Au contraire, ça me donne envie de continuer.»

Thierry Dusautoir (3e ligne de Toulouse) : «Cela me rappelle 2006 (sa finale européenne perdue avec Biarritz, le titre de champion de France gagné). Cela s'était passé de la même façon. J'ai dit au groupe que si j'avais été le chat noir pour la Coupe d'Europe, je ne pouvais être que le porte-bonheur pour cette finale-là. C'est fantastique, surtout avec ce groupe. La fête va être énorme, surtout demain au Capitole.»

Maxime Médard (arrière de Toulouse) : «On a joué ensemble, pour tout le monde. J'ai été bien coaché par Cédric Heymans, et par tous les grands joueurs qui étaient blessés aujourd'hui. On avait perdu deux fois contre Clermont cette saison, mais cette finale, on la doit au groupe complet. Moi je n'ai rien fait, juste un crochet (sur son essai), c'est pas grand chose...»

Julien Bonnaire (3e ligne de Clermont) : «On perd sur des détails: on manque deux-trois ballons en touche, on se fait chahuter sur deux-trois mêlées, après on manque la réception de deux-trois ballons hauts. Et on manque un essai qui aurait peut-être changé le match. Cela ne pardonne pas. Il faut se remettre à bosser. On a fait une belle saison, c'est dommage qu'elle s'achève comme cela.»

Pierre Mignoni (demi de mêlée de Clermont, au micro de Canal+) : «Ils ont bien mieux joué que nous sur les phases de conquête, (...) il nous a manqué trop de ballons pour dynamiser le jeu. On va encore dire "ils ont perdu" (leur neuvième finale), on laisse ça aux journalistes, nous on se dit qu'on avait un match à jouer et à gagner et que malheureusement on ne l'a pas fait.» (AFP)

 

Publié dans Sport

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article