Diamands sur Canapé

Publié le par Mouton Fou Le Grand

Breakfasr at Tiffany's

New York, le petit matin. Sur une musique très mélancolique, un taxi jaune new-yorkais approche du fond du cadre et se gare. Une jeune femme très élégante en robe fourreau noire et lunettes de soleil en descend. Elle s'immobilise un instant et lève les yeux vers la façade où s'affiche avec fierté un nom magique: TIFFANY & Co… Elle dirige ses pas vers une vitrine du grand bijoutier tandis que le générique commence à apparaître à l'écran annonçant successivement les noms d'Audrey Hepburn puis de George Peppard dans BREAKFAST AT TIFFANY'S… La musique s'enfle, toujours aussi mélancolique et la jeune femme sort d'un sac en papier un gobelet en carton et un bagel  . Elle continue à grignoter et s'éloigne vers une autre vitrine. On la découvre alors de face, de l'intérieur de la boutique. Cette femme rentre sans doute d'une longue nuit…

Une séquence d'ouverture absolument splendide ! La scène suivante, avec la participation d'un Mickey Rooney en improbable Japonais irascible tranche complètement par son aspect comique (mais plombé par la caricature franchement raciste)…

Holly Golightly (Audrey Hepburn), la jeune femme élégante "broie du noir " (bien pire que d'avoir un simple "bourdon " précise-t-elle) et ne trouve l'apaisement qu'en rêvant à la devanture ou à l'intérieur de Tiffany… 
En attendant, elle se rend tous les jeudis à Sing-Sing ("Quel nom ridicule pour une prison. Ca correspondrait mieux à un music-hall ") visiter un mafieux, Sally Tomato (Alan Reed), qui la paie 100 dollars pour une heure de conversation. En fait, il se sert d'elle pour passer des messages relatifs au trafic de drogue, codés en bulletins météo et à son propre insu ("On attend de la neige à la Nouvelle Orléans ce week-end  ")… 
Paul (George Peppard), nouveau voisin de Holly, écrivain fauché, entretenu par sa maîtresse, la décoratrice sophistiquée et mariée Edith (Patricia Neal), s'en trouve médusé tout en s'attachant à cette fille imprévisible… Mais en dehors de son aspect de fofolle, Holly cache de vraies et profondes fêlures que révèle son obsession de l'argent, du luxe et de trouver un mari richissime…

En adaptant la très célèbre nouvelle de Truman Capote, Blake Edwards réussit une merveille de comédie douce-amère, alternant moments de pure comédies et de drames… La "party " qui réunit chez Holly tout un tas  d'originaux est un petit bijou d'élégance et de nonchalance où la caméra de Blake Edwards glisse d'un invité à l'autre autour de la reine  des lieux qui, en guise de sceptre, agite un porte-cigarette de 50 cm de long… Elle ignore un "bellâtre" brésilien (mais elle y reviendra plus tard…), préférant charmer le disgracieux mais immensément riche Rusty ("celui qui ressemble à un cochon " dira-t-elle à Paul), révélant ainsi son ambition… On se régale de l'humour et l'inventivité de toute cette scène ! Blake Edwards donne libre cours à l'univers de folie dont il est capable et que l'on retrouvera plus tard, dans d'autres films, ceux de "La Panthèse Rose"  ou… La Party, tous tournés avec Peter Sellers).

Mais un jour, le passé de Holly ressurgit et le film passe au versant sombre. L'épisode, empreint de tristesse et de dignité, démontre le talent du réalisateur à se retirer derrière l'histoire, ses personnages, ses acteurs. Venant après le tourbillon de la party, la sobriété de cette scène s'en trouve renforcée…
Mais l'humour revient avec la visite de Paul et Holly à Tiffany où le jeune homme qui vient de recevoir un chèque pour la publication d'une de ses nouvelles, tient à offrir un cadeau à Holly. N'ayant que 10 dollars à dépenser, ils ne trouvent qu'un… tourne-cadran de téléphone (!) avant de convaincre l'employé stylé mais compréhensif de faire graver les initiales de la jeune femme sur une bague provenant d'un… paquet de crackers ! 
Autre joyeux moment se terminant dans une idée de génie que je vous laisse découvrir: le "vol" commis par Paul et Holly dans un magasin…

Comme toujours dans les films où elle apparaît, Audrey Hepburn est tout simplement merveilleuse ! Lorsqu'elle chante "Moon River " (composé spécialement pour elle par le musicien attitré de Blake Edwards, le fameux      Henri Mancini, qui signe d'ailleurs une partition musicale de toute beauté), on reste bouche bée, subjugué par l'émotion… Elle irradie de justesse et de séduction, quel que soit le registre qu'elle emprunte, comique ou dramatique… Notons que Truman Capote, lui, voulait Marilyn Monroe pour interpréter le rôle de Holly et dut s'incliner devant la volonté de la Paramount…
Face à elle, George Peppard est un Paul tranquille, gentil, un peu fade mais sympathique… A noter la présence d'une grande actrice trop injustement oubliée dans le rôle d'Edith, Patricia Neal.

DIAMANTS SUR CANAPE est tout près d'un vrai chef d'œuvre (entaché cependant par la représentation raciste et insupportable du personnage de Mickey Rooney et la fin trop "hollywoodienne").

Le spectateur reste prisonnier d'un état au simple nom: BONHEUR ! 

Ecoutez la Chanson "Moon River" (MP3) chantée par Audrey Hepburn 

Publié dans Cinéma

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