Mode : Paris s'amuse de tous les styles

Publié le par Mouton Fou Le Grand

Paris s'amuse de tous les styles

Un cow boy de Jean-Paul Gaultier, le 26 juin 2008 à Paris.
AP/REMY DE LA MAUVINIERE
Un cow boy de Jean-Paul Gaultier, le 26 juin 2008 à Paris.

Jeudi 26 juin, pour cette première journée de présentations des collections de prêt-à-porter masculin de l'été 2009, Paris a bien mérité son titre de capitale de la mode avec des collections créées par des designers venus des quatre coins du monde, chacun évoluant dans un univers qui lui est propre.

Chez Louis Vuitton, l'inspiration vient de Charlie Chaplin "pas le comédien mais l'homme privé, toujours très élégant", précise Paul Helbers, le directeur du studio Homme qui signe la collection sous la direction artistique de Marc Jacobs. Les matières sont travaillées pour donner de la décontraction à l'allure, avec un jeu autour des plissés. Dans une parka en coton, des cordons sont glissés dans les coutures et froncent le vêtement.


Il y a plus de quarante ans, Yves Saint Laurent empruntait des pièces du vestiaire masculin pour habiller la femme. Pour l'été 2009, Stefano Pilati, à la tête de la création de la marque, utilise des tissus traditionnellement réservés à la femme comme la toile de soie, le crêpe de chine ou encore l'organza, qui sont travaillés pour des vêtements masculins. Le bombers est réalisé en soie lavée. Le pantalon militaire est coupé dans un crêpe de chine. Le tee-shirt, presque transparent, est une seconde peau. Un blouson de cuir froissé a les détails de la lingerie féminine. Avec ce parti pris, le créateur souligne la notion d'androgynie. Mais, paradoxalement sa silhouette est beaucoup moins féminine que lors de saisons précédentes. Elle gagne en légèreté avec des épaules plus souples, des pantalons qui prennent quelques pinces ou encore des chaussures taillées comme des chaussons. La palette des couleurs, où le blanc, le beige ou le gris dominent, est douce. Une vraie réussite mise en scène en sept vidéos, où apparaît l'acteur britannique Jack Huston, et qui devraient être disponibles dans les prochains jours sur Internet.

Même technique dans un blouson coupe-vent dont le ruban, qui est dissimulé à la taille, permet d'en gonfler le tombant. Le pull en maille, à points milanais, est coupé au col, ce qui donne du mouvement. Des bandes de cuir, de l'agneau, servent de cadre à un blouson très souple en maille. Les vestes ajustées sont plus courtes que la saison précédente. Les tissus sont coupés en biais. La teinture est souvent appliquée sur pièce pour un effet délavé.

LANIÈRES EN CAOUTCHOUC

Deux couleurs dominent la collection, celle du papier mâché et le rose flamenco. Même les sacs, construits comme de grandes enveloppes, jouent la décontraction. Tandis que les chaussures sont cerclées de lanières amovibles en caoutchouc, pour ne pas glisser par temps humide. Une des plus belles collections pour l'homme de Louis Vuitton de ces dernières saisons.

L'ambiance est totalement différente chez Jean Paul Gaultier, ces "Lonesome Cowboy" arrivent "de quelque part entre Paris et Texas et même Santa Fe pour être précis", s'amuse le créateur. La collection est une invitation au voyage avec des sahariennes, des vestes aux manches retroussées. Les pantalons sont maintenus au-dessous du genou grâce à des élastiques cachés dans les coutures.

Des chaussettes tatouages montent à mi-mollet. Les mannequins sont coiffés de chapeaux en paille aux bords relevés, dont certains reprennent le motif marin, signature de la marque.

C'est l'Amérique des années 1960, celle des intellectuels hippies de Los Angeles, qui a inspiré Adam Kimmel. Le créateur taille les gros jerseys ou l'éponge en costumes. De larges rayures bleues et blanches et des imprimés flashy dominent cette collection soignée. Un autre jeune créateur, le Néerlandais Kentroy Yearwood, travaille avec soin, pour sa marque Intoxica, le jean 100 % naturel. Yohji Yamamoto propose un exercice de style autour de la veste, presque toujours noire. Re couverte de gaze, transparente dans le dos, les vestes ont des pans de longueurs différentes et s'amusent d'un savant jeu de plis. Lors du final de la collection, l'éternel jeune créateur japonais se faufile parmi des mannequins qui ont largement dépassé la soixantaine.

Le propos est tout autre pour son compatriote Takahiro Miyashita, créateur de la marque Number Nine. Ses vêtements soignés et à la fois déjantés, aux multiples détails, habillent un page jongleur coiffé d'une perruque à la Brian Jones. La Belge Véronique Branquinho a clos son défilé sur Road to Nowhere, le tube des Talking Heads, alors que l'on se demandait où la créatrice voulait nous emmener. Elle hésite entre des coupe-vent et des blousons en Nylon aux multiples poches, zip et autres attaches pour d'improbables voyageurs et des tenus plus sages.

Chez Dries Van Noten, tout est bien maîtrisé. Le Hollandais revisite avec bonheur le vestiaire classique de l'homme. Il travaille le polyester avec la laine, le coton avec la soie pour donner un poids plume aux vêtements. Il joue avec les motifs cravate déclinés dans les bleus ou les marrons. Les tissus imprimés sont présentés à l'envers pour un effet délavé.

Les épaules des vestes croisées sont discrètement soulignées, tandis que la taille des pantalons est assez haute. Les chaussures à lacets sont des mocassins qui s'enfilent. Un défilé réussi en clôture d'une journée très éclectique.

Publié dans Culture

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